Bien sûr, les victoires en Grands Prix sont plus importantes pour les points et le prestige. Le superbe doublé de Jorge Martín au Mans en est la preuve parfaite, mais ces succès en Tissot Sprint permettent à l'Espagnol d'avoir cette avance considérable au Championnat du Monde.
Jorge Martín est l'incontestable Usain Bolt du MotoGP™. Le sprinter le plus rapide du monde sur deux roues et, comme nous l'avons constaté dimanche, plutôt à l'aise également sur les longues distances. Le pilote Prima Pramac Ducati compte pas moins de 38 points d'avance au général sur le Champion du Monde Pecco Bagnaia après cinq manches exceptionnelles. Il a récolté un total de 50 unités en Tissot Sprint jusqu'à présent cette année avec notamment des victoires à Portimão, Jerez et au Mans. En revanche, Pecco Bagnaia ne totalise quant à lui que 14 points dans l'exercice après cinq courses.
Ces affrontements courts lors desquels il faut prendre des risques sont taillés sur mesure pour le style et le tempérament de Jorge Martín. À ses débuts en Moto3™, il décrochait souvent la pole et il s'est adjugé sa première victoire lors de la dernière course de la saison 2017 à Valence. Il a ensuite remporté le Championnat du Monde Moto3™ l'année suivante. Sa victoire devant Marc Márquez et Pecco Bagnaia dimanche constitue son 17e succès en Grand Prix et son septième dans la catégorie MotoGP™. Sur les 24 Tissot Sprint qu'il a disputées depuis le début de la saison dernière, l'Espagnol s'est imposé à 12 reprises. Ce ratio de 50% de victoires est très impressionnant peu importe la catégorie, mais dans les conditions difficiles d'une course Sprint, cela en dit long sur le pilote.
Les Tissot Sprint sont devenues une partie intégrante d'un week-end MotoGP™ en très peu de temps. Je pense que certains anciens pilotes de Grands Prix auraient adoré ce petit électrochoc du samedi après-midi tandis que d'autres n'auraient peut-être pas été aussi enthousiastes. Ce format était fait pour Marc Márquez. L'octuple Champion du Monde était à l'aise dès la première course du samedi et il l'a été au Mans. Quel départ de folie ! Il a attaqué, bousculé et s'est frayé un chemin jusqu'à la cinquième place, alors qu'il s'élançait de la cinquième ligne de la grille en 13e position. Il a finalement terminé deuxième, ce qui lui a permis de monter sur son premier podium de la saison. Il ne fait aucun doute qu'il fera des étincelles à Barcelone dans deux semaines.
Je suis sûr que Valentino Rossi aurait adoré. N'ayant jamais eu peur de prendre des risques, le format convenait également au docteur. Dommage qu'il ait été introduit trop tard. Un bon départ est un élément essentiel pour triompher en Tissot Sprint, et personne ne faisait mieux que Dani Pedrosa dans ce domaine. Peut-être que si le Sprint avait existé à l'apogée du « petit samouraï », il aurait pu convertir ces trois places de vice-Champion du Monde MotoGP™ en un titre mondial bien mérité. Sa troisième position le samedi à Jerez il y a deux semaines, alors qu'il roulait en tant que wildcard pour Red Bull KTM, témoigne de la différence que cela aurait pu faire.
Ces magiciens américains des 500cc, et plus tard des gens comme Nicky Hayden, ont été élevés et ont affiné leurs compétences en flat track dans leur pays avant de venir en Europe pour conquérir le monde. Plus de 20 coureurs glissant dans le premier virage à plus de 120 km/h auraient été parfaits pour une Tissot Sprint. Imaginez des pilotes comme Kevin Schwantz et Wayne Rainey, qui n'avaient besoin d'aucune excuse pour se battre, ou encore le premier roi de la glisse Kenny Roberts dans une Sprint. Ajoutez à cela Randy Mamola, toujours prêt à en découdre, et l'Australien Garry McCoy, qui a remporté trois Grands Prix 500cc en glissant comme un pilote de speedway. Il y aurait eu de quoi s'amuser.
Je n'étais pas totalement convaincu par l'arrivée de la Tissot Sprint au début de la saison dernière, mais il n'a fallu que quelques courses pour que je devienne un fan inconditionnel. Personne ne sait mieux que le leader du championnat Jorge Martín que ces précieux 12 points de la victoire peuvent faire la différence dans une lutte pour le titre mondial.
Demandez à Usain Bolt.